Bouvard et Pécuchet est le dernier roman, inachevé, de Flaubert. Michel Tanner l'a adapté pour deux comédiens d'exception : Guy Pion et Jean-Marie Pétiniot.
Les deux personnages, les seuls conservés du livre originel, sont deux petits fonctionnaires affectés à la copie de documents. Leur rencontre et un petit héritage vont transformer la morne existence de chacun. Bouvard (Guy Pion) et Pécuchet (Jean-Marie Pétiniot) s'installent à la campagne, se mettent à une sorte d'agriculture biologique. Ils ratent lamentablement leur projet.
Entre sourire et réflexion
L'humour s'affirme néanmoins dans une série de séquences, ponctuées des allègres musiques d'Eloi Baudimont. Lorsque les héros se mettent à déclamer des alexandrins de tragédie classique ou une scène du Tartuffe de Molière. Lors des incantations ésotériques et spirites, ou encore au moment des exercices corporels en vue de conserver la forme malgré le vieillissement. L'emballage est plaisant. Le décor de Vincent Lemaire et les éclairages de Guy Simard créent une atmosphère complice. La porte alternativement tournante et à battants amène des surprises. Le fond noir permet l'accrochage aimanté de photos et de crucifix avant de devenir tableau d'école. La descente pentue qui mène au plateau a un rôle de coffre à trésors, de malle oubliée dans un grenier: bibliothèque, casier d'archives, cellier à boisson, tiroirs à vaisselle et à documents…
Quant à l'ombre projetée des fenêtres, elle donne réalité à une présence potentielle. Pétiniot et Pion ont une complicité de longue date. Et ils s'amusent manifestement à jouer. Ils sont à l'aise dans ce texte qui ne cesse de montrer à quel point Flaubert avait une vision lucide de l'humanité car nombre d'allusions couchées sur le papier en 1872 restent d'actualité en 2007.